Friday, May 18, 2012

Celui qui défendait ses poches... pour en perdre son pantalon




Le conflit entre les étudiants et le gouvernement s'éternise. Les changements de position sont timides et une chose semble certaine du côté du gouvernement, la facture de l'augmentation du financement des universités ne sera pas payée par le contribuable cette fois-ci.

La CLASSE s'est pourtant essayée, par la bande, en imposant une taxe sur le capital aux banques. Une hausse qui se serait automatiquement ajoutée aux frais bancaires des usagés, comme l'a souligné Germain Belzile de l'Institut économique de Montréal en onde au 98,5. En gros, c'est la même situation qu'avec une nouvelle taxe sur l'essence: elle se répercute toujours sur le prix à la pompe. Jamais une compagnie pétrolière ne va en assumer les coûts pour être gentille. Pourquoi les banques le seraient-elles?

Mais les étudiants qui arriveront sur le marché du travail seront-ils plus généreux?

Cela m'étonnerait et la hausse des frais de scolarité pourrait devenir un argument de taille quand viendra le temps de renégocier leurs salaires. Je me suis amusé à réunir les éléments d'un petit calcul tout simple. Comparer le salaire d'un médecin omnipraticien en Ontario à celui du Québec et chercher à voir quelle serait l'augmentation des coûts pour l'État si nous arrivions à égalité... Car le but avoué de la hausse est d'atteindre les normes en vigueur dans le reste du Canada. Non? alors voici:

Dernière moyenne de revenu annuel brut d'un médecin omnipraticien en Ontario (chiffre fourni par les relations média du ministère de la Santé et des soins de longue durée de l'Ontario) :
351 000$

Revenu moyen annuel brut d'un médecin omnipraticien au Québec entre le premier avril 2010 et le 31 mars 2011 (chiffre fournit par un relationniste média de la RAMQ):
229 205$

La différence : (121 795$)
multipliée par:
Le nombre de médecins omnipraticiens au Québec: 8653 (rapport annuel 2010-2011 de la RAMQ) = Total: 1 053 092 135$

1 053 092 135$ supplémentaires que les contribuables québécois devront débourser si le Québec en venait à copier le modèle ontarien et cela, avec la simple parité de salaire chez les médecins omnipraticiens. Un montant qui pourrait payer un an de formation en médecine à 35 130 étudiants (évaluée à environ 30 000$). C'est plus que la combinaison de la hausse (332 millions) et de la gratuité scolaire (410 millions) réunies. Ce montant n'est pourtant qu'une infime partie de la hausse de salaire que l'État devrait assumer à moyen terme, car le calcul est loin d'inclure tous les employés de l'État nécessitant un diplôme universitaire : enseignants, avocats, ingénieurs... et même les médecins spécialistes encore plus nombreux. Je vous épargne aussi tous les corps de métiers du privé qui seront confrontés au choix d'être gentil ou non.

On oublie souvent que nous payons peu et que nous payons peu grâce au fait que tout le monde paie peu. Un effet boule de neige amorcé par une hausse des frais de scolarité est donc à éviter... et encore évitable. À ceux qui appuient le gouvernement en croyant qu'il défend leurs poches, j'ai le plaisir de vous apprendre que ce qui l'intéresse c'est votre pantalon.